Demain et dimanche, une équipe de scientifiques et de spéléologues vont explorer le gouffre Georges, près de l’étang de Lers. Cette cavité exceptionnelle en Ariège pourrait expliquer à elle seule le processus de formation de la chaîne pyrénéenne. Comment les Pyrénées se sont-elles formées ? Cette question restée sans réponse depuis des années pourrait bien trouver sa réponse, au fond du gouffre Georges, au Port. C’est en tout cas ce que vont tenter de découvrir Éric Ferré et son équipe, au cours de l’expédition qu’ils vont mener demain et dimanche. Au total, les explorateurs vont passer 17 heures sous terre durant le week-end. « Nous allons descendre à près de 400 mètres de profondeur, pour comprendre d’abord comment cette cavité unique s’est formée, explique Éric Ferré, professeur au département de géologie de l’université de Louisiane, à Lafayette, aux États-Unis. Puis nous allons essayer de comprendre comment les continents se fragmentent en continents plus petits, sans qu’il y ait d’activité volcanique comme dans le grand rift africain. Les Pyrénées se sont formées dans un contexte froid, sans volcanisme. On va tenter de comprendre comment cela s’est produit ».
« Un seul endroit où l’on peut voir ça »
Pour cela, rien de mieux que le gouffre Georges, dans lequel il est possible d’observer des roches que l’on ne peut pas voir ailleurs : « On pourrait aller regarder en Bretagne, mais c’est sous la mer. Quelques forages ont été faits, mais ce sont des trous d’épingle, raconte le scientifique. Seule l’Ariège possède un enregistrement de comment se sont créées les Pyrénées et de comment les continents bougent sans magma pour fondre la roche. Très souvent, on ne peut pas bien voir ce qui se passe, car il y a beaucoup de forêts en Ariège. Il y a un endroit où l’on peut voir tout ça, c’est le gouffre Georges ». Les géologues vont effectuer des prélèvements et des photos en 3D – grâce à deux spécialistes mondiaux venus de Slovaquie – dans une galerie volumineuse, comparable aux grottes de Niaux et Lombrives. Cette galerie est surnommée « la salle de la famine », car les personnes qui l’ont découverte en 1968 y sont restées bloquées durant plusieurs jours.
Un tube d’un mètre de large
L’expédition ne pourrait se faire sans spéléologues expérimentés pour guider les scientifiques, qui « vont apprendre sur le tas », dit Éric Ferré. Son équipe s’est rapprochée du spéléo-club du haut-Sabarthès et de Robert Guinot, son président : « Il y a 7 à 8 membres du club qui suivent l’expédition. C’est une première pour le club, se réjouit-il. Nous allons pénétrer dans le gouffre par une entrée basse, à 1 390 m d’altitude. C’est l’accès le plus facile au réseau souterrain. On entre par un tube d’un mètre de largeur sur 5 mètres de hauteur, que le club a découvert en 1986, détaille le spéléologue, inscrit au club du haut-Sabarthès depuis 1968. On explore le gouffre Georges depuis 1974. Il n’a plus de secret pour nous. Mais il y a tout un réseau sous le Mont Béas, avec plus de 200 cavités qui restent à découvrir », conclut Robert Guinot.