Caoudière ou que faire des déblais de la désob ?
par Nicole Ravaïau – été 2019
Début des années quatre vingt dix, la SSP a repéré une faille qui souffle fortement à 25m sous la surface dans un gouffre près des pertes de la Jasse. Ils y croient, ou du moins Albert y croit. Il réussit à mobiliser les spéléos de son club puis d’autres et persévère dans son aventure. Ils creuseront durant plusieurs années un véritable tunnel de 15 mètres de long avant de déboucher sur un puits.
Ne sachant pas ce que cela va donner, les déblais sont stockés à la base du P20. Au fil des mois, le tas augmente mais c’est compliqué de remonter les déblais en surface. Il faudrait du monde ! Alors, à l’aide de quelques étais principalement en buis et de deux poteaux métalliques ils empilent proprement les déblais sur une hauteur de plus de 5 mètres, laissant un étroit passage entre les remblais et la paroi pour passer.
Et puis, arrive le temps de la découverte du réseau. Les spéléos reviennent en nombre dans le gouffre pour l’explorer dans ses moindres recoins, lever la topographie ou simplement visiter la cavité.
Au fil du temps on s’habitue à passer entre les déblais et la paroi.
Mais le bois commence à pourrir, cela devient dangereux. Si l’on veut pouvoir continuer à accéder au réseau sans risque la seule solution est de remonter les déblais en surface. Tout le monde est d’accord sur le principe mais c’est un travail de titan. Après moult hésitations une équipe se motive et fixe une date pour attaquer le chantier se sera le 06 mai 2017. Ce jour là, 5 membres du SCArize (Nicole, Léna, Pierrette, Jano et Pascal) et 8 membres de la SSP (Rémi, Bastien, Arthur, Chantal, Michel, Lionel, Hubert et Viviana) et deux chiens se retrouvent de bon matin à l’entrée du trou. Il fait froid et humide, le trou est boueux à souhaits mais nous avons prévu la logistique. Un palan est installé en surface, les volontaires s’étagent sous terre et la ronde des gamates peut commencer. L’équipe de soutien de surface monte un abri, et prépare la braise pour les grillades du midi. Ceux qui sont inoccupés en surface agencent les déblais derrière les murettes qu’ils construisent pour se réchauffer.
Plus de la moitié des déblais est ressorti dans la journée. Une autre journée devrait suffire pour ressortir le restant. Mais il ne faut pas trop tarder car les bois sont pourris… Mais le temps passe très vite… et il faudra attendre plus de deux ans avant que le travail soit achevé. On n’a pas oublié, on en parle entre nous mais on n’arrive pas à se motiver.
Les membres du SSF09 sont toujours à la recherche de nouvelles cavités pour l’exercice annuel. Lors de la réunion annuelle, on parle de la Caoudière pour l’automne 2019. Pourquoi pas ! Mais il faut finir de sortir les déblais. Après les difficultés habituelles pour trouver une date, c’est le jeudi 11 juillet qui est choisi.
Une reconnaissance le 16 juin 2019 permet de constater qu’il en reste beaucoup et surtout que les buis ont cédé et que les déblais se sont engouffrés dans le tunnel.
Afin de faciliter le travail en surface, une chèvre est installée au dessus de l’entrée le 07 juillet 2019. Le 11 juillet se sont finalement 8 spéléos de l’Aude (SSP : Rémi, Arthur, Bastien et Léo) et de l’Ariège (SCHS : Laurent et SCA : Pierrette, Jano et Nicole) qui vont œuvrer tout ou partie de la journée afin de ressortir les déblais. Le matin le chantier démarre doucement car seules 4 personnes sont présentent et un minimum de 5 est requis simultanément pour pas trop forcer. Mais en tout début d’après midi les renforts prévus arrivent et la valse des gamates s’accélère. Mais, on manque de bras pour faire des rotations sur les postes les plus pénibles et au fil des heures la fatigue se fait sentir. La montée des seaux est plus saccadée, les questions fusent de la surface vers le fond : il y en a encore beaucoup ?…
Il est un peu plus de 19 heures quand le compte à rebours du nombre de seaux à sortir est entamé : 15, 14, … 3, 2, 1 top !
Alors sur les derniers seaux on arrange le fond pour laisser un chantier propre, il reste un peu de déblais mais l’essentiel est qu’il n’y ait plus de risque d’éboulement.
Il est un peu plus de 20h quand les derniers forçats s’installent sur le parking autour d’un apéro bières dinatoire.
La visite de la Caoudière est une belle classique mais attention, vu la configuration des lieux, il est nécessaire que les visiteurs soient tous autonomes sur corde.